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Rouge canari

13 novembre 2006

Chapitre 1

J'émerge. Lentement, difficilement. Depuis combien de temps ce réveil hurle-t-il sans que je m'en aperçoive?
Ce petit matin risque d'être plutôt pénible, vu la soirée d'hier. Un vague souvenir du groupe réuni parce que, comme ça, c'est agréable d'être ensemble, et de boire jusqu'à plus soif. Plaisir mitigé en ce moment, où je dois me lever pour me rendre au travail. Un pied à l'extérieur du lit, un moment pour que l'image se replace devant mes yeux. Un grognement à mes côtés, un mouvement au pied du lit.

-Tiens, nous avons dormi à trois cette nuit.

C'est aujourd'hui mardi. Patrick a encore dormi chez moi, et je n'ai qu'un vague souvenir de nos ébats assurément torrides. Je dois aller travailler, je suis en retard, encore.  Un deuxième pied hors du lit, un baiser volé à Pat, un chat affamé dans mon sillage mal assuré, un verre de lait froid, une douche rapide, un brossage de dents, me voià prête à affronter la journée.

Je réussis à arriver au bureau avec seulement 20 minutes de retard. Excusables, vu le nombre d'heures en surplus que je dois faire dans une année. Gilles, le patron, n'est pas encore arrivé, ce qui est encore mieux. Ça me laissera le temps d'aller chercher un café à la distributrice, de saluer mes collègues et de me tenir à jour côté potins et rumeurs.

Une fois devant mon ordinateur, mon esprit ne peut s'empêcher de dériver. Sur ma vie qui ne sait pas se structurer. Sur ma condition de célibataire qui ne réussit à rencontrer personne. Sur mon mal de tête persistant, qui ne devrait pas être en ce début de semaine. Non mais, à presque vingt-huit ans, comment se fait-il que je suis incapable de dire non à une soirée entre amis, sans remord pour ma vie professionnelle?

C'est décidé, je me reprends en mains. Je deviens sérieuse, et à l'avenir, j'emprunterai le chemin de la fête la fin de semaine venue, pas avant.

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